MVI - Matériel Végétal Innovant

Équipe MVI • Matériel Végétal Innovant

MVI theme 2021

Contexte et enjeux

En 2000, l’agriculture biologique (AB) représentait 1,1 % des surfaces agricoles de France, soit 7 000 fermes pour une surface totale de 200 000 hectares. Aucune création variétale en ou pour l’agriculture biologique en France n’existait. Fin 2019, l’AB représentait 8,5 % de la SAU française, soit 47 000 fermes pour une surface totale de 2,3 millions d'hectares. Les produits certifiés AB représentent en France 6,1% des achats alimentaires (équivalent à l’Allemagne). Les productions végétales en agriculture biologique (AB) progressent dans toutes les filières en France, même si les surfaces en blé tendre ne représentent que 2,5% des 5 millions d'hectares cultivés et que 30% de la quantité de farine est importée. Les oléagineux et légumineuses montrent un beau dynamisme. En 2019, ils représentaient près de 190 000 ha, soit une croissance d’environ 20% en un an (Agence Bio d’après source PAC). Hausse également des surfaces emblavées en pomme de terre en AB au niveau national en 2018 (+26%, pour atteindre 1 400 ha répertoriés en circuits longs).

La Commission Européenne annonçait en juin 2020 sa stratégie « Farm to Fork » de son pacte vert : 25% de la SAU européenne en AB en 2030 et une réduction de 50% de l’usage des pesticides.

En France le plan Ecophyto II+ 2025 annonce une réduction de 25% des pesticides. La loi Egalim prévoit 15% de la SAU en AB en 2022 dans un contexte de pression sociétale croissante, notamment en zone périurbaine. L’épidémie de Covid 19 a amplifié le lien établi par les consommateurs entre local et AB.

Les pollutions environnementales, l’augmentation du nombre d’espèces résistantes aux herbicides et la contribution de l'agriculture intensive à la production de gaz à effet de serre (GES) justifient une accélération de la transition agroécologique.

Dans ce contexte, le levier variétal constitue un axe majeur d’amélioration des performances en permettant d’une part de répondre aux attentes des filières AB et inciter à de futures conversions à l’AB tout en contribuant à lever certains verrous agronomiques en étant un prototype de la transition agroécologique pour l'ensemble de l'agriculture française. En effet, disposer pour chaque espèce cultivée de variétés adaptées avec les nouveaux itinéraires techniques associés, en culture pure ou en cultures associées (céréale-légumineuses à graines), pourrait favoriser l’indispensable accroissement de la production avec peu ou pas d'intrants chimiques, une meilleure stabilité interannuelle des rendements et une amélioration de certaines caractéristiques associées à la qualité des produits. Pour l’instant, dans un objectif d'efficacité, la sélection associe, selon les générations, conditions AB et itinéraire technique bas intrants. Toutefois à l'horizon 2030 une sélection en conduites sans intrants chimiques, voire AB, est en réflexion.

Objectifs

Pour les systèmes de culture plus économes en intrants, plus résilients et donc plus autonomes où :

  1. les pesticides sont utilisés en dernier recours (systèmes en protection intégrée ou répondant à des contraintes environnementales spécifiques tels que plans qualité de l'eau dans les bassins versants) ou
  2. les pesticides et engrais de synthèse ne sont pas du tout utilisés, c.à.d. en AB, sur la base d’expérimentations au champ.
    L'équipe MVI vise à améliorer les rendements, leur stabilité et la qualité des productions d’espèces de grandes cultures (blé tendre, associations céréales-légumineuses à graines, pomme de terre), via :
  • l’identification de caractéristiques variétales d’adaptation aux conduites faibles intrants ou à l’agriculture biologique
  • la création puis la sélection généalogique de génotypes de blé tendre rustiques multirésistants aux maladies et productifs pour la production intégrée et l’agriculture biologique
  • le développement de méthodologies pour la sélection et l’évaluation plus efficaces pour concevoir des idéotypes (c'est-à-dire des « variétés idéales ») utilisant au mieux les ressources disponibles, et tenant compte des mécanismes naturels de lutte contre les bioagresseurs et des services écosystémiques attendus
  • la conception et l’évaluation de nouvelles combinaisons génotypes x itinéraires techniques économes en intrants
  • la conception et la validation de méthodes de gestion des systèmes de culture à même de réduire l'utilisation des intrants chimiques en s’appuyant sur le levier variétal, dans des approches systémiques.

Pour le blé tendre d'hiver, le programme de sélection vise d'abord à réduire l’usage des fongicides afin de contribuer à Ecophyto II+ 2025 qui entend réduire l'utilisation des pesticides de 50% en 2025 et à la stratégie européenne « farm to fork » du pacte vert 2030. Une deuxième étape est la sélection de caractères spécifiquement nécessaires à l’AB (tels que la compétitivité vis-à-vis des adventices ou la bonne qualité boulangère en situation de faible teneur en protéines), afin de transférer ces informations en tant que nouveaux critères de sélection dans des programmes de sélection dédiés.

Pour les associations céréales-légumineuses, l’itinéraire technique n'utilise aucun pesticide, s’appuyant principalement sur la rotation, les effets de barrière et de dilution pour gérer les maladies et ravageurs, et sur la complémentarité et la compétitivité des espèces cultivées pour gérer les adventices. L'objectif de nos programmes de recherche-expérimentation est de trouver des caractéristiques clés, impliquées dans les interactions plante-plante, à sélectionner pour des performances élevées et stables des variétés en associations (en tant que « producteur » et en tant qu’« associé »).

Pour la pomme de terre, notre ambition est de développer des idéotypes variétaux adaptés à des systèmes de cultures économes en intrants, notamment à l’AB, et de contribuer à concevoir, tester et évaluer des systèmes de cultures faibles intrants adaptés à différents débouchés, à des niveaux de rupture plus ou moins élevés.

Pour caractériser la sélection la plus appropriée, nous considérons les interactions génotype × environnement × conduite dans des réseaux d’expérimentation nationaux et internationaux.

Nos projets de sélection s’appuient à la fois sur les domaines disciplinaires de l'agronomie et de la sélection végétale pour mettre en œuvre l’« agroécologie en action ».

Compétences et expertise

  • Sélection végétale, agronomie, pathologie végétale, modélisation statistique, associations intra et interspécifiques, réduction des pesticides, agriculture intégrée, agriculture biologique sont les champs d’expertise de l’équipe.
  • Expérimentation au champ et animation de réseaux sont notre cœur de métier.
  • Contribution aux débats publics sur les évolutions de l’agriculture.

Responsable d'équipe

Nathalie Moutier

Tél. : (+33) 2 23 48 51 35
nathalie.moutier@inrae.fr

 
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